L’évolution des prix sur les marchés de gros du gaz et de l’électricité pèse sur le pouvoir d’achat des familles, sur les revenus et même la pérennité des entreprises, et elle menace également la stabilité financière des fournisseurs.
3 possibilités à court terme :
- Diminuer la TVA et donc la facture d’électricité et de gaz. Cette approche est favorable aux clients et atténue de concert les risques financiers considérables qui pèsent actuellement sur les épaules des fournisseurs.
- Veiller à suffisamment de liquidités pour que le fonctionnement de marché soit préservé
- Partager équitablement les risques d’impayés entre les différents acteurs de la facture
Choc tarifaire inédit
La guerre en Ukraine consolide un cycle haussier inédit des prix sur les marchés de gros gaziers (entraînant les prix de l’électricité dans son sillage).
Le client résidentiel sous contrat variable, ou même celui qui dispose d’un contrat fixe qui arrive à échéance et entre donc actuellement dans un nouveau cycle de contrat de fourniture, est confronté à une facture potentiellement deux fois plus élevée qu’auparavant pour l’électricité et trois fois plus élevée pour le gaz (par rapport à la moyenne des prix au 1er semestre 2021).
Ces coûts énergétiques fortement augmentés sont difficilement supportables, même pour la classe moyenne et pour les entreprises.
Il ne s’agit probablement pas d’une crise ponctuelle de courte durée mais d’une crise de (moyenne)longue durée. Ainsi les contrats long terme pour 2023, 2024 et 2025 cotent actuellement au-dessus des prix de 2019.
Rien n’indique actuellement que les prix pourraient revenir à court terme à des niveaux ‘normaux’ (pré-Covid).
Niveau d’alerte pour les ménages, les entreprises et les fournisseurs
Cette situation est toxique pour les ménages et pour les entreprises belges, mais aussi pour les fournisseurs confrontés en première ligne à ces marchés de gros surchauffés et volatils :
La position des fournisseurs en termes de liquidités est fortement détériorée. En cause :
- Des coûts de préfinancement qui explosent pour couvrir les besoins de leurs clients sur les marchés de gros ;
- Des acomptes versés par les clients qui ne suivent la hausse des prix du marché que de manière partielle ;
- Des coûts de déséquilibre en très forte hausse ;
- Des niveaux de factures impayées qui augmentent actuellement en flèche résultent en une quantité croissante de demandes de plans de paiements (report ou étalement) qui pèsent davantage financièrement et deviennent plus long ;
- Des coûts de préfinancement en très forte augmentation pour l’attribution du tarif social aux bénéficiaires usuels de ce dernier, soit près d’un client résidentiel sur dix.
En conséquence de ces différents impacts, la majorité des contrats en cours des fournisseurs génèrent des pertes, et la stabilité financière des fournisseurs est clairement menacée.
Baisser le montant de la facture pour le client final et atténuer les risques pour leurs fournisseurs
Il faut impérativement baisser le niveau de la facture d’énergie pour le client final.
Les efforts déjà entrepris par le gouvernement dans sont utiles. Etant donné l’ampleur de la crise, il est sensé que les autorités publiques prennent rapidement des mesures additionnelles.
Que pourrait-on faire de plus?
Il n’y a pas de solution miracle. Chaque initiative peut aider :
- Baisser immédiatement la consommation d’énergie des ménages et des entreprises. Les fournisseurs communiquent déjà pleinement envers leurs clients à ce sujet. La collaboration entre les autorités et les fournisseurs est indispensable pour regrouper ces messages et les renforcer ;
- Baisser la TVA à 6% sur le gaz et l’électricité, ce au moins tant que les prix restent élevés.
- Prolonger l’actuelle baisse de la TVA sur l’électricité au-delà de la fin juin et de préférence de manière définitive. Baisser la TVA sur le gaz à 6% à partir du début du troisième ou du quatrième trimestre.
- Investir dans l’énergie renouvelable : La période d’amortissement d’une installation de panneaux solaires n’a jamais été aussi courte qu’aujourd’hui.
- Opter pour un coût transparent et compétitif de l’électricité. Pour se faire les autorités régionales et nationales doivent poursuivre et accélérer les efforts entrepris pour diminuer la part taxes, prélèvements et obligations de service public comprise dans la facture d’électricité. C’est d’autant plus indispensable que l’électrification est un levier essentiel pour diminuer notre consommation finale d’énergie.
- Libérer sans délais les revenus issus du marché européen d’échange de quotas d’émissions (EU-ETS) et les consacrer à la stimulation fiscale d’investissements en efficacité énergétique par les ménages et les entreprises.
- Rendre les investissements moins onéreux, ce tant pour les particuliers que les entreprises et les fournisseurs. Ils ont besoin de liquidités peu onéreuses pour investir (emprunts bon marché).
Partager les risques liés aux factures impayées entre les fournisseurs, les opérateurs de réseaux et les gouvernements. Avec la crise actuelle qui perdure c’est devenu indispensable.