L'Europe a le potentiel de produire 111 milliards de m3 de biométhane d'ici 2040. C'est ce que révèle une nouvelle étude de l'Association européenne du biogaz (EBA -European Biogas Association). Environ deux tiers de cette production proviendront de la digestion anaérobie des excédents agricoles, du fumier animal, des biodéchets, des eaux usées industrielles, etc. La gazéification thermique des déchets de bois et d'élagage, des déchets solides, etc., fournit le solde.
Pour mettre ces chiffres en perspective, 4,2 milliards de m3 de biométhane ont été produits en 2022 dans les pays étudiés (UE-27, plus l'Islande, la Norvège, l'Ukraine, la Serbie, le Royaume-Uni et la Suisse). Le biométhane est du biogaz purifié, dont 21 milliards de m3 ont été produits en 2022. Cependant, la part du biométhane dans la production de biogaz augmente rapidement : en 2012, elle représentait 6 %, dix ans plus tard, elle était déjà de 20 %.
Le biométhane est particulièrement en croissance en France, en Italie, au Danemark et au Royaume-Uni. Plus de 250 installations ont été ajoutées en 2022, un record. Selon Mieke Decorte, directrice technique de l'EBA, il y avait près de 1.500 installations de biométhane en Europe à la fin de l'année dernière, dont les trois quarts sont raccordées au réseau de gaz.
Cette augmentation du nombre d'installations est également indispensable. Pour atteindre les objectifs climatiques, l'Europe compte sur pas moins de 35 milliards de m3 de biométhane d'ici à 2030. Pour cela, le taux de croissance doit augmenter fortement : de +18,3 % en 2022 à 33,8 % chaque année. C'est possible, selon l'EBA, mais il faut créer les bonnes conditions de marché.
La Belgique n'est pas un géant dans le monde du biométhane. Le Plan national pour l'énergie et le climat fixe un objectif de 1.200 GWh ( converti en 0,11 milliards de m3) de biométhane d'ici à 2030. Les Pays-Bas, par exemple, visent 2 milliards de m3.
À titre de comparaison, la Belgique consommait quelque 18 milliards de m3 de gaz par an avant l'éclatement de la crise ukrainienne, et environ 15,5 milliards de m3 en 2022. Le biométhane ne suffira pas à lui seul à couvrir entièrement la demande de gaz fossile, mais il est en nette progression et constitue un élément clé des plans de l'Europe visant à atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050.
La nouvelle étude a également calculé pour la première fois le potentiel à l'horizon 2040. Pour la Belgique, il s'élève à 0,9 milliard de mètres cubes. Le top 5 se compose, non sans logique, des grands pays : Allemagne (15,4), France (14,5), Espagne (13,1), Italie (10,3) et Pologne (8,8). Pour les pays étudiés, le potentiel total en 2040 est estimé à 111 milliards de m3 par an, dont 101 milliards de m3 au sein de l'Union européenne. Dix ans plus tard, ce chiffre pourrait même atteindre 165 milliards de mètres cubes.
En outre, l'étude montre qu'il est possible d'augmenter encore ce potentiel en produisant du biométhane à partir de nouvelles sources, telles que les cultures sur des terres non rentables ou polluées, les algues et le digestat, ou grâce à de nouvelles technologies, comme la gazéification hydrothermale et le méthane renouvelable. À court ou moyen terme, le gaz provenant des décharges pourrait également accroître le potentiel.
Marc Van den Bosch, directeur général de la FEBEG : « La transition énergétique en Belgique ne réussira que si nous exploitons également le potentiel des molécules vertes (hydrogène sans carbone, biométhane, etc.). Elles seront utiles pour certains processus industriels, mais aussi potentiellement pour la décarbonisation de la production d'électricité et pour le stockage d'énergie à moyen et long terme (saisonnier). Le potentiel de production de molécules vertes comme le biométhane étant limité en Belgique, il devra être complété par des importations. La FEBEG suit de près le développement de ce secteur ».