Le Capacity Remuneration Mechanism (CRM) va bien au-delà des seules centrales au gaz. Il s'agit d'une approche technologiquement neutre pour garantir la sécurité d'approvisionnement en électricité. La mission des investisseurs consiste à élaborer des offres compétitives pour des capacités de production, mais également pour des capacités de stockage et de gestion de la demande.
Une partie des capacités sélectionnées par le CRM sera vraisemblablement pourvue par de nouvelles centrales au gaz, vu l'importance de la capacité nécessaire et vu le caractère flexible et pilotable de ces centrales, ce qui permet aux centrales au gaz d'apporter une contribution essentielle à l'approvisionnement. L'importance de centrales flexibles dans le mix énergétique est également confirmée par le Bureau fédéral du Plan dans son étude « Fuel for the Future » d’octobre 2020.
Ce mécanisme est-il toutefois compatible avec la lutte contre le réchauffement climatique ? Oui, car les centrales au gaz relèvent du système européen de négoce d'émissions EU-ETS. Le nombre de droits disponibles sur ce marché est limité et diminue chaque année (un 'cap' est annuellement fixé à la baisse). Cela permet ainsi de s'assurer que les émissions n'augmenteront pas au niveau européen. Malgré leur durée de vie opérationnelle qui peut être supérieure à 25 ans, les centrales au gaz sont parfaitement compatibles avec l'objectif visant à évoluer vers un système énergétique entièrement neutre en carbone :
- Dans une première phase, les centrales TGV existantes et nouvelles contribuent à la sécurité d'approvisionnement. Elles produisent un volume important d'électricité, en complément à l'énergie renouvelable, et peuvent éjecter du marché les centrales au charbon (et les centrales au gaz plus anciennes) générant des émissions de CO2 plus élevées.
- Une deuxième phase se caractérise par une forte augmentation de l'utilisation de l'énergie renouvelable. Les centrales au gaz TGV adaptées à cet effet continuent de garantir la sécurité d'approvisionnement et la flexibilité du système. Leurs heures de production et leurs émissions de gaz à effet de serre diminueront simultanément.
- La troisième phase est verte, parce que les centrales TGV modernes pourront progressivement valoriser du gaz renouvelable (biométhane, e-méthane) et même de l'hydrogène vert et bleu.
Les centrales au gaz sont-elles compatibles avec des systèmes de capture et de stockage de carbone (CCS - Carbon Capture and Storage) ? À l’heure actuelle, le CCS n'est pas encore appliqué en Belgique et à peine à l'étranger. Dans le cadre des plans de relance, l'on élabore notamment des propositions de réseau de transport de CO2, et Fluxys a récemment annoncé vouloir mettre en place un réseau de transport d'hydrogène, mais également de CO2. Il s'agit d'une initiative importante en termes d'efficacité des coûts qui permet de capter initialement les sources de CO2 les plus importantes et les plus concentrées. Ce réseau n'existe pas encore. Nous devons nous assurer que ces centrales puissent se raccorder à terme au réseau. L'application du CSS dès à présent aurait pour conséquence que des projets ne pourraient être réalisés ou ne seraient pas concurrentiels vis-à-vis d'installations de production à l'étranger.
Nous avons également mentionné ci-dessus que le verdissement du support énergétique 'gaz' est une autre manière d'atteindre à terme le même objectif final de neutralité carbone. L'utilisation de biométhane vert combiné au CSS pourrait même permettre des émissions négatives.